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La sclérose en plaques est une maladie inflammatoire du système nerveux central (qui comprend le cerveau, les nerfs optiques ainsi que la moelle épinière) dont l’apparition survient généralement au début de l’âge adulte. Ses symptômes peuvent être graves et invalidants puisque la maladie peut affecter pratiquement toutes les fonctions biologiques : le contrôle des mouvements, la perception sensorielle, la mémoire, etc.
Décrite pour la première fois en 1868 par le neurologue français Jean Martin Charcot, elle doit son nom au fait qu’elle entraîne par endroits la destruction et le durcissement (sclérose) de la myéline, un tissu qui entoure les fibres nerveuses. Les régions touchées par la maladie sont nommées « plaques ». La myéline a pour rôle de protéger les fibres nerveuses et d’accélérer la transmission des influx nerveux.
La cause de la sclérose en plaques demeure inexpliquée. Plusieurs hypothèses sont dans l’air. La plus souvent évoquée est celle d’une maladie auto-immune, où le système immunitaire détruirait la myéline en la considérant comme étrangère au corps. De façon unanime, les chercheurs croient qu’il s’agit d’une maladie causée par un ensemble de facteurs génétiques et environnementaux.
La sclérose en plaques est diagnostiquée la plupart du temps chez des personnes âgées de 20 à 40 ans. On estime qu’en moyenne, une personne sur 1 000 en est atteinte. Au Canada, le taux serait parmi les plus élevés au monde (1/500), ce qui en fait la maladie neurologique chronique la plus répandue chez les jeunes adultes canadiens. Fait encore inexpliqué, les deux tiers des personnes atteintes de sclérose en plaques sont des femmes.
Formes de la maladie
On distingue quatre formes évolutives de sclérose en plaques : la forme cyclique rémittente, les formes chroniques progressives primaire et secondaire, et la forme progressive rémittente.
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En 1933, l’hypothèse qu’il s’agisse d’une maladie auto-immune a été émise. Bien qu'un certain nombre de facteurs ait été proposé pour expliquer ce trouble immunitaire, aucun ne suffit à lui-même. La maladie serait probablement le résultat d’une susceptibilité innée combinée à de nombreux facteurs de risque environnementaux ainsi qu’à des habitudes de vie.
Hérédité. Avoir un proche parent atteint de sclérose en plaques accroît le risque de 20 à 40 fois de contracter la maladie. Il existe donc un facteur de prédisposition génétique, et il semble que plusieurs gènes soient impliqués. Les scientifiques explorent actuellement le lien entre les facteurs génétiques et l’apparition ou la gravité de la maladie. Il a été démontré que les descendants d’Européens du Nord ont un patrimoine génétique qui les prédispose à la sclérose en plaques.
Environnement. Des études réalisées sur des jumeaux identiques (qui possèdent le même bagage génétique) révèlent que les facteurs environnementaux jouent un rôle prédominant dans l’apparition de la maladie. Prenons l’exemple fictif de Julie et Sophie, jumelles identiques âgées de 30 ans. Julie est atteinte de sclérose en plaques depuis l’âge de 25 ans. En raison de leur même génétique, le risque que Sophie souffre de sclérose en plaques comme sa soeur jumelle est évalué à 30 %. La génétique est donc importante, mais d’autres facteurs sont à considérer. Voici les plus fréquemment évoqués.
Autres facteurs à l’étude. L’alimentation (en particulier le type de gras consommé), la déficience en vitamine D, le stress, le tabagisme, l’exposition à des toxines chimiques et le contact avec certains animaux domestiques sont d’autres facteurs qui pourraient jouer un rôle sur le déclenchement ou l’évolution de la sclérose en plaques. Par ailleurs, la vaccination contre l’hépatite B a été suspectée d’être à l’origine soit de l’apparition de la maladie, soit de son aggravation. Les études épidémiologiques effectuées jusqu’à présent nient ces allégations2,3.
L’évolution de la sclérose en plaques est imprévisible. Chaque cas est unique. Ni le nombre de poussées, ni le type d’atteinte, ni l’âge du diagnostic ne permettent de prévoir ou d’envisager l’avenir de la personne qui en est atteinte. Toutes les personnes n’ont pas recours à une canne ni à un fauteuil roulant. Néanmoins, ces supports peuvent aider à ménager ses forces temporairement. Il faut savoir que l’espérance de vie des personnes atteintes de sclérose en plaques n’est pas réduite de façon significative.
Les symptômes varient d’une personne à l’autre. Ils dépendent de la localisation des plaques dans le cerveau et la moelle épinière.
Avec la progression de la maladie, surviennent parfois :
Les facteurs de risque suivants sont tirés d’études où les chercheurs observent les habitudes de vie de groupes de personnes. Par conséquent, on ne peut établir de lien causal solide entre l’habitude de vie observée et la sclérose en plaques. Actuellement, on peut considérer qu’il ne s’agit que d’hypothèses.
Note. On trouve dans la littérature scientifique des données révélant que le port d’amalgames dentaires au mercure augmente le risque de sclérose en plaques et en aggrave aussi les symptômes. Ces données proviennent majoritairement d’études dont la qualité scientifique est faible. Plus récemment, une étude de cas-témoins à laquelle participaient 143 personnes atteintes de sclérose en plaques et 128 personnes à titre de témoins révèle que le fait d’avoir plus de 15 amalgames au mercure ou de porter des amalgames depuis au moins 15 ans augmente le risque de sclérose en plaques. Il est important de mentionner que la tendance observée n’était pas statistiquement significative. Ainsi, les médecins considèrent généralement que les amalgames dentaires sont sécuritaires. Voir notre fiche Dentisterie holistique.
Il n’existe aucun moyen de prévenir la sclérose en plaques, puisque sa cause est inconnue. Les personnes à risque de sclérose en plaques pourraient mettre toutes les chances de leur côté en ne s’exposant pas aux facteurs de risques hypothétiques énumérés précédemment.
Bien que la sclérose en plaques soit considérée comme une maladie incurable, la recherche médicale a quand même permis de trouver des médicaments qui traitent les symptômes de façon relativement efficace et qui ralentissent la progression de la maladie. Ces traitements ont toutefois l’inconvénient d’engendrer des effets secondaires chez plusieurs personnes.
Plusieurs médicaments sont utilisés pour diminuer les nombreux symptômes dont souffrent les personnes qui ont une forme progressive de la maladie, notamment la fatigue, la spasticité, la douleur, les dysfonctions sexuelles et l’incontinence. En voici quelques-uns.
Pour diminuer les douleurs engendrées par l’atteinte des nerfs, le Neurontin® (un anticonvulsif) et l’Elavil® (un antidépresseur tricyclique) sont efficaces.
Des relaxants musculaires (Baclofen®, Zanaflex®) associés à des exercices d’étirement en physiothérapie ou en ergothérapie aideront à diminuer la spasticité que certaines personnes ressentent dans les jambes, et qui peut être douloureuse.
Des antidépresseurs associés à une psychothérapie sont parfois recommandés pour traiter les symptômes dépressifs légers à modérés. Une évaluation psychiatrique est souhaitable pour des symptômes plus importants.
Les traitements de fond agissent directement sur la maladie en réduisant l’activité du système immunitaire. Les médecins les utilisent surtout pour traiter les personnes dont la maladie évolue par poussées (les formes rémittentes).
Des corticostéroïdes permettent probablement de raccourcir la durée d’une poussée de symptômes. Les études à ce sujet sont par contre de qualité moyenne et comme la durée de la poussée est variable, il est difficile de mesurer l’efficacité d’un traitement. Les corticostéroïdes doivent être utilisés avec modération puisqu’à long terme, ils provoquent des effets secondaires importants (ostéoporose, hypertension, etc.). Notez qu’ils n’ont aucun effet sur la douleur engendrée par la maladie.
Les immunosuppresseurs permettent d’inhiber la réponse immunitaire. Ils sont rarement utilisés au Canada. Seul le mitoxantrone est approuvé par la Food and Drug Administration des États-Unis pour le traitement de la sclérose en plaques réfractaire aux autres traitements. Leur efficacité est faible et leurs effets potentiellement toxiques sont importants.
Les immunomodulateurs comprennent des molécules de la famille des interférons bêta : l’interféron ß–1a (Avonex® injecté par voie intramusculaire une fois par semaine et Rebif® injecté par voie sous-cutanée trois fois par semaine) et l’interféron ß–1b (Betaferon® injecté par voie sous-cutanée aux deux jours). Les interférons sont des substances produites naturellement par le corps pour inhiber la multiplication des virus et stimuler l’activité de certaines cellules immunitaires. Ils diminuent d’environ 30 % la fréquence des poussées. L’interféron ß–1a ralentit aussi la progression de la maladie durant la phase cyclique rémittente. Cependant, ils entraînent souvent un syndrome pseudogrippal (fièvre, frissons, maux de tête, douleurs musculaires) quelques heures après l’injection durant les trois premiers mois de traitement. Ces effets secondaires disparaissent par la suite. Toutefois, une toxicité au foie (réversible) est fréquente.
Le médecin peut aussi prescrire de l’acétate de glatiramère (Copaxone®), un autre immunomodulateur, qui occasionne rarement des effets secondaires et aucun effet toxique, mais qui nécessite des injections sous-cutanées quotidiennes.
À l’étude. Des recherches sont en cours notamment pour élaborer des facteurs de croissance qui aideraient à restaurer la myéline entre les crises ou des molécules qui duperaient les anticorps spécifiques qui s’attaquent à la myéline.
En plus des médicaments, l’activité physique, la participation à un groupe de soutien et la physiothérapie sont conseillées par les médecins. La prise de suppléments de vitamine D et de calcium est parfois recommandée afin de prévenir ou traiter l’ostéoporose engendrée par certains médicaments, et ce, sous suivi médical.
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Traitement d'oxygène en chambre hyperbare. Ce traitement consiste à inhaler, dans un caisson, de l'oxygène pur à une pression supérieure à la normale. Il fut expérimenté de manière intensive en Angleterre de 1983 à 1987. De nombreux patients ont déclaré bénéficier de celui-ci, le traitement semblant surtout améliorer les fonctions de la vessie et de l'intestin. Cependant, aucune des études contrôlées à double insu effectuées dans ce domaine n'a démontré d'effet positif sur les critères d'évaluation objectifs de la maladie. Pour cette raison, Santé Canada n’approuve pas l’usage de cette thérapie pour la sclérose en plaques.
La fatigue est courante chez les personnes atteintes de sclérose en plaques. Voici quelques moyens qui visent à diminuer la fatigue et améliorer la qualité de vie. S’informer auprès des associations et fondations vouées à la sclérose en plaques pour de l’information plus détaillée à ce sujet (voir les Sites d’intérêt en Documents associés).
Se reposer. La fatigue, un des symptômes les plus courants, apparaît souvent dès le début de la maladie. Il est alors important de préserver son énergie en s’accordant des périodes de repos ou de relaxation, surtout avant une activité.
Faire régulièrement de l’exercice. Faire de l’exercice permet aux personnes souffrant de sclérose en plaques d’améliorer leur force musculaire, leur coordination, leur équilibre et leur moral. L’activité choisie ne doit pas être trop exigeante physiquement, adaptée aux besoins de la personne et idéalement plaisante.
Éviter le stress. Il est difficile de connaître l’impact réel du stress sur l’évolution de la sclérose en plaques, surtout lorsqu’elle évolue par poussées qui surviennent de manière imprévisible. Comme il est bénéfique de savoir bien gérer son stress et que la fatigue est un symptôme majeur de la sclérose en plaques, avoir recours à des groupes de soutien, à une psychothérapie ou à des techniques de relaxation peut améliorer le bien-être (voir la section Autres approches).
Participer à un groupe de soutien. Participer à des rencontres, des conférences et diverses activités permet de mieux comprendre la maladie et d’échanger avec d’autres personnes dans la même situation. Voir Groupes de soutien (dans Documents associés).
Éviter les infections virales et bactériennes par des mesures d’hygiène simple, comme le lavage fréquent des mains. Des infections respiratoires mineures ou des sinusites ont souvent été reportées à l’origine de rechutes.
Éviter les écarts brutaux de température. Cela déclencherait ou aggraverait les symptômes chez certaines personnes.
Éviter l’alcool, le café et la cigarette. L’alcool rend plus difficile la coordination des mouvements et le sens de l’équilibre. La cigarette exacerberait particulièrement l’insomnie chez les personnes qui souffrent de sclérose en plaques. Quant à la caféine, elle irrite la vessie, ce qui favorise l’incontinence urinaire.