Des boats people aux réfugiés du Darfour

En 1979, des divergences apparaissent à l'occasion de l 'opération "Un bateau pour le Vietnam", Bernard Kouchner défendant l'idée qu'il faut affréter un navire, avec à son bord médecins et journalistes, afin de pouvoir soigner et aussi témoigner des violations des droits de l'homme sur le terrain. Cette opération est jugée trop médiatique par les autres dirigeants : Kouchner et une quinzaine de responsables quittent l'association pour fonder, en mars 1980, Médecins du Monde .

Les grandes dates de Médecins du Monde

1980
Médecins du Monde naît du secours qu'une quinzaine de médecins, issus de Médecins Sans Frontières, apportent aux Vietnamiens qui fuient leur pays et se noient en Mer de Chine.

1981 à 1985
Afghanistan, Salvador, Tchad, Mali, Liban, Guatemala, Honduras, Mozambique...

1986
Naissance de la Mission France de Médecins du Monde et création d'un premier centre d'accueil, de soins et d'orientation gratuits à Paris. Création du premier centre de dépistage VIH, volontaire, anonyme et gratuit. depuis, 31 centres de soins sont ouverts dans toute la France.

1986 à 1990
Brésil, Ethiopie, Arménie, Cambodge; Roumanie, Iran, Jordanie

1989
Création du premier programme d'échange de seringues à Paris

1990 à 1995
Les urgences là-bas se multiplient : l'ex-Yougoslavie, la Somalie puis plus récemment le Rwanda et le Burundi.

1994 est un tournant. En France, médecins du Monde développe sa politique de réduction des risques : les programmes d'échange de seringue se multiplient et le premier centre méthadone se crée. Bilan de l'action auprès des exclus des soins : 500 000 consultations en 8 ans. Création de la première Journée nationale de l'accès aux soins pour tous.

Novembre 1995
En collaboration avec les Editions Somogy, un recueil de témoignages et de photos "Rwanda, le jour d'après" est publié afin de témoigner de ce qui s'est passé au Rwanda au printemps 1994 pour que personne n'oublie.

Décembre 1995
Médecins du Monde publie ses "10 propositions pour améliorer l'accès aux soins pour tous en France"

Décembre 1996
Le réseau international de Médecins du Monde a le statut consultatif de rang général auprès du Conseil économique et social des Nations Unies.

1997
Le 18 janvier, trois volontaires espagnols sont tués au Rwanda. Missions au Zaïre/Congo, en Iran... Novembre, décembre, enquête auprès des centres Mission France : de plus en plus de jeunes exclus des soins.

1998
Les missions hors des centres se multiplient en France : bus méthadone, mission rave, Tziganes... Médecins du Monde adopte une nouvelle signature : "nous luttons contre toutes les maladies. Même l'injustice". Mission au Honduras, Nicaragua (Mitch), Guatemala et Salvador.

1999
Missions importantes au Kosovo et dans les Balkans. Missions d'urgence en Turquie, au Timor et en Tchétchénie.

2000
Urgences au mozambique, en Erythrée, aux Moluques.

2001
Urgences en Afghanistan, dans les territoires palestiniens, en Tchétchénie et en Algérie. toulouse : explosion de l'usine AZF.

2002
Urgences en Côte d'Ivoire, République démocratique du Congo. Mobilisation pour la défense de la CMU/AME.

2003
Urgences en Irak, au liberia, en Iran et en Haïti. thématiques prioritaires : enfance, sida, migrants, mondialisation et santé.

2004
Urgences au darfour (Soudan), en Haïti, en indonésie et au Sri Lanka.

"L'Ile de Lumière" à la rescousse de milliers de Vietnamiens

L'opération "Un bateau pour le Vietnam" trouve son prolongement dans l'action menée à partir du navire "L'Ile de Lumière" qui permet, jusqu'à la fin des années 80, de sauver plusieurs milliers de boat people.Parallèlement, les autres premières missions de se développent sur les lignes de fracture de la guerre froide, en Afghanistan auprès de la guérilla antisoviétique, et au Salvador entre la guérilla et les Escadrons de la mort.Au Salvador, où la guerre civile a jeté sur les routes et dans des camps insalubres des milliers de déplacés, la jeune association organise en 1981 un pont aérien et soixante tonnes de médicaments et de nourriture sont acheminées entre l'Europe et l'Amérique centrale. Après "L'Ile de Lumière", le Salvador devient la plus grande mission de Médecins du Monde. Photo : Pascal Deloche

Un nouveau combat : "le droit d'ingérence"

Le concept de "droit d'ingérence", adopté en 1987, sert de support aux opérations en Arménie, au Kurdistan et en Somalie. L'association est également au rendez-vous de l'insurrection roumaine en 1989, et la médecine humanitaire devient aussi un combat pour l'éthique, contre les atteintes à la déontologie. A cet effet, est signée à Cracovie, le 31 mars 1990, la Charte européenne de l'action humanitaire : le refus de l'exclusion, de la discrimination, de la torture et des manipulations génétiques côtoient la réaffirmation de l'engagement de la médecine humanitaire en faveur du respect des équilibres écologiques, de l'assistance à toutes les victimes et du droit international humanitaire.Le conflit de l'ex-Yougoslavie incite à intervenir en Bosnie en 1991. Devant la brutalité systématique de la purification ethnique, l'association organise en 1993 une campagne qui dénonce les camps de détention serbes. De même au Rwanda, l'association porte au secours des victimes du génocide, dès 1994, puis des réfugiés dans les camps de l'Est du Zaïre.

La lutte contre l'exclusion en France

La fin des années 80 est aussi marquée par l'expansion de l'épidémie de sida et la recrudescence de la pauvreté dans les pays industrialisés. Médecins du Monde se lance alors, avec la création de la première Mission France en 1986, dans un double projet : la lutte contre l'exclusion et la réduction des risques liés à l'injection des drogues par voie intraveineuse.Avec la publication en 1995 des "Dix propositions pour l'accès aux soins pour tous", Médecins du Monde réaffirme la priorité des soins avant tout examen administratif, qu'il s'agisse de personnes sans couverture sociale ou d'étrangers résidant durablement sur le territoire français, bloqués par le contrôle de leurs papiers. Cette idée est reprise en 1999 lors de la mise en place de la Couverture maladie universelle (CMU).

Pour une Cour criminelle internationale

Tout au long des années 90, l'émergence de nouveaux conflits qui touchent en priorité des civils (Rwanda, Sierra Leone, Tchétchénie, Congo-Kinshasa, ex-Yougoslavie…) conduisent à réaffirmer vigoureusement le droit des populations civiles à la protection en cas de guerre. L'association milite aussi en faveur de la création de la Cour criminelle internationale, qui doit permettre de juger les personnes responsables de génocides, de crimes contre l'humanité et de violations du droit international humanitaire. En 1999, la guerre dans les Balkans incite à intervenir en urgence et massivement aux frontières du Kosovo, en Macédoine, en Albanie et au Monténégro. L'association est également présente, en fin d'année, au Timor Oriental et en Tchétchénie.