David Servan-Schreiber se bat contre la mort

Victime d'une rechute d'un cancer du cerveau en juin 2010,

le Dr David Servan-Schreiber se bat aujourd'hui contre la mort.

 

'Il n'y a rien d'injuste'

 

Dans un entretien accordé au Nouvel obs.com, il confie que 'des zones de prolifération cancéreuse, inopérables, ont fait leur apparition dans son lobe frontal', entraînant la paralysie de la partie gauche de son corps. David Servan-Schreiber explique être atteint d'un cancer dont 'les pronostics sont parmi les plus mauvais de tous (les cancers)'. Face à la mort, l'auteur d'Anticancer explique que 'la première idée qui console, c’est qu’il n’y a rien d’injuste, [...] la mort fait partie du processus de vie, tout le monde y passe'.

 

'Je n'ai pas promis de traitement miracle'

 

Et à ceux qui remettraient en cause son régime anticancer prôné depuis plusieurs années, David Servan-Schreiber répond: 'Je n’ai jamais promis de traitement miracle. Il n’y pas de traitement miracle contre le cancer, qui est une maladie très difficile.' Avant de rappeler: 'Il ne faut surtout pas arrêter les traitements conventionnels. Ils ne sont pas efficaces à 100%, mais ils sont essentiels, car ils réduisent la progression de la maladie, voire la font reculer, parfois très nettement.'

 

Le neuropsychiatre vient de publier On peut se dire au revoir plusieurs fois aux éditions R.Laffont.

 

Le combat contre la mort de David Servan-Schreiber Publié le 15-06-11 

L'auteur d'"Anticancer", victime d'une grave récidive d'un cancer du cerveau, publie "On peut se dire au revoir plusieurs fois". Il a tenu à témoigner dans Le Nouvel Observateur. Par Eve Roger.

David Servan-Schreiber (Olivier Roller) David Servan-Schreiber (Olivier Roller)

 

(Dossier "Le Livre testament de David Servan-Schreiber" à lire dans Le Nouvel Observateur, en kiosque le 16 juin 2011)

 

L’appartement est inondé de lumière, malgré le ciel argent de ce dernier jour de mai. La baie vitrée surplombe une avenue arborée de Neuilly. A l’intérieur, une large table familiale, encombrée de paperasse ; un piano et une partition de Bach ouverte sur une toccata. L’interphone sonne à intervalles réguliers, l’agitation règne. Tout le monde, ici, semble s’affairer autour d’un seul, David. David Servan-Schreiber.

 En juin 2010, le célébrissime neuropsychiatre, auteur d’"Anticancer" et de "Guérir", atteint d’un cancer du cerveau depuis près de vingt ans, a fait une grave rechute. En février, des zones de prolifération cancéreuse, inopérables, ont fait leur apparition dans son lobe frontal. Depuis, la partie gauche de son corps est paralysée. Son œil, son bras, sa jambe sont touchés, jusqu’à ses cordes vocales.

Au mois d’avril, David Servan-Schreiber a fêté ses 50 ans dans l’appartement parisien de son frère, Franklin. A ses amis proches, il a décidé de dire la vérité : "Je suis atteint d’un glioblastome de stade 4 dont les pronostics sont parmi les plus mauvais de tous les cancers." Mais la bataille continue, a-t-il insisté. […]

Edouard, Franklin, Émile et David Servan-Schreiber. (DR)

 

 Le Nouvel Observateur : Comment allez-vous aujourd’hui ? Comment vous sentez-vous ?

- David Servan-Schreiber [Il parle en chuchotant, très lentement, au rythme du stylo de l’intervieweuse sur le bloc-notes.] Je me sens bien. Je suis content d’être là, avec vous, et d’avoir cet entretien, avec le soutien de Catherine [son attachée de presse et amie].

 Comment a évolué votre état de santé depuis un an ?

 - Il y a un an, tout allait très bien. J’acceptais des voyages, des conférences… Je jogguais encore, je jouais au squash plusieurs fois par semaine. J’allais assez souvent me promener dans Paris avec ma femme, Gwenaëlle. On préparait une semaine de vacances ensemble, au Portugal. J’avais accepté de participer à Lisbonne à une grande conférence mondiale sur la résistance au processus de vieillissement. J’y suis allé seul finalement, et, pendant trois jours, j’ai pensé à la mort. C’était une espèce de séance méditative qui m’a fait du bien.

 Vous pensiez à votre propre mort ? Existe-t-il dans ce cas-là des pensées qui rassurent ou qui consolent ?

 - La première idée qui console, c’est qu’il n’y a rien d’injuste dans la mort. Dans mon cas, la seule différence, c’est le moment où cela arrive, pas le fait que cela arrive. La mort fait partie du processus de vie, tout le monde y passe. En soi, c’est très rassurant. On n’est pas détaché du bateau. Ce n’est pas comme si quelqu’un disait : "Toi, tu n’as plus de carte, tu ne peux plus monter." Ce quelqu’un dit simplement : "Ta carte s’épuise, bientôt, elle ne marchera plus. Profites-en maintenant, fais les choses importantes que tu as à faire." […]

 Que dites-vous à ceux qui douteraient d’"Anticancer" ?

 - Je leur dis que c’est légitime qu’ils se posent la question. Personnellement, je n’ai aucun doute sur le fait que les méthodes d’"Anticancer" ont un impact majeur pour renforcer les défenses naturelles du corps contre cette maladie, ainsi que bien d’autres d’ailleurs. La science qui soutient ça est solide. Mais il faut savoir deux choses. La première, c’est que je n’ai jamais promis de traitement miracle. Il n’y pas de traitement miracle contre le cancer, qui est une maladie très difficile. La deuxième, c’est qu’il ne faut surtout pas arrêter les traitements conventionnels : ils ne sont pas efficaces à 100%, mais ils sont essentiels, car ils réduisent la progression de la maladie, voire la font reculer, parfois très nettement. Et ce n’est pas parce qu’on a un copain chez qui la chimio n’a pas marché qu’on va se mettre à crier partout que la chimio ne marche pas ! Je leur dis enfin qu’il faut s’accrocher jusqu’au bout parce qu’il y a des traitements qui ralentissent le processus du cancer [...].

 Propos recueillis par Eve Roger – Le Nouvel Observateur

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